Le premier "Ballon d'Or FIFA-France Football" a donc été décerné à Lionel Messi. Déjà lauréat la saison passée (sous le titre Ballon d'Or France Football), le lutin argentin n'en finit plus d'affoler les compteurs et les défenses adverses. Choisi au détriment de ses coéquipiers catalans, Xavi et Iniesta, tous deux champions du monde, Messi fut le premier surpris et à vrai dire l'ensemble des observateurs. Sur le fond, Messi est certainement le meilleur joueur de la planète, mais alors que le football est redevenu un sport d'équipe avec l'Espagne championne du monde, la FIFA a couronné une individualité et s'est placée à contre sens du mouvement. Dommage.
Certes ce n'est pas directement la FIFA qui élit le Ballon d'Or. Mais en s'associant à France Football pour ne plus créer de confusion entre deux trophées (FIFA World Player of the year et Ballon d'Or France Football), l'organe international a repris les commandes du plus prestigieux trophée de la planète football. Un panel de journalistes, de sélectionneurs et de capitaines fut appelé à voter pour le Ballon d'Or. Le critère du palmarès a été assoupli au profit du talent pur notamment, et là rien à dire, Lionel Messi est le numéro un. "Messi est le meilleur", n'hésitait pas à dire son entraineur, Pep Guardiola, peu avant les fêtes de Noel. Difficile de le contester, sa conduite de balle hors norme, son sens du déséquilibre et sa capacité à créer et marquer, font de lui un joueur extraordinaire, déjà l'égal des plus grands tels que Maradona, Pelé et autres Zidane (Ballon d'Or en 1998 et 3 fois FIFA World Player of the Year...)
Mais alors que le football a semble-t-il pris un virage avec le jeu léché de l'Espagne, alors que la France, grande nation formatrice, admet s'être trompée dans ses critères de formation (gabarit privilégié au détriment de la technique), le Ballon d'Or revient à une individualité. La FIFA avait pourtant l'occasion de valider un critère souvent délaissée : l'équipe. Xavi et Iniesta, aussi talentueux sont-ils, ont comme formidable qualité de faire jouer l'équipe, de baser leur football sur la notion de groupe. Quelle formidable publicité pour le football cela aurait-il été ? Quel formidable message délivré aux éducateurs et aux plus jeunes ? L'excellent joueur est aussi celui qui fait briller les autres. C'est exactement la fonction de Xavi et Iniesta qui ne sont pas de grands dribbleurs mais des passeurs hors pair, des rampes de lancement pour les Messi et Villa. Iniesta avait également marqué en finale de la Coupe du Monde et Xavi était le favori des bookmakers.
"Je suis un peu surpris mais cela fait très plaisir", reconnaissait le lauréat en zone mixte lundi. Ses deux compères, sous un sourire de façade, ne cachaient pas vraiment leur déception. Le football est avant tout un sport d'équipe et même si ce sont parfois les individualités qui font la différence, à de rares exceptions près, il faut toujours un coéquipier pour défendre, remonter le ballon ou effectuer la dernière passe. En assouplissant le critère du palmarès, la FIFA ferme également la porte à des postes moins exposés tels que les gardiens et les défenseurs. Selon les lecteurs de Goal.com c'est bien Xavi Hernandez qui aurait dû recevoir les honneurs du Ballon d'Or (voir notre sondage ci-dessous). Preuve, si besoin en est, que le football est en pleine mutation, sur le terrain et dans les têtes.
http://www.goal.com/fr/news/2772/ballon-dor/2011/01/11/2299954/ballon-dor-la-fifa-manque-une-occasion-unique