Après avoir vu Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence, on comprend maintenant tout le tintamarre cannois. Ce lancement en grande pompe ne suffira cependant pas à racheter les faiblesses d'un premier tome sensé relancer la franchise.
On prend les mêmes et on recommence ? Pas vraiment ! Selon l’historiographie Pirates des Caraïbes, Elizabeth Swann (Keira Knighley) s’en est allée avec son fils dont le père, Will Turner (Orlando Bloom), a pris la tête du Hollandais volant après la mort de Davy Jones. Exit donc, trois personnages principaux de la saga ; exit aussi le réalisateur historique, Gore Verbinski, remplacé par Rob Marshall (Mémoires d'une geisha) qui a fait appel à Penélope Cruz et Ian McShane (Barbe Noire), histoire de gonfler le casting. Tous les personnages secondaires qui faisaient le charme de la franchise ont eux aussi disparu. Ne reste que l’essentiel : Johnny Depp (Jack Sparrow), Geoffrey Rush (Hector Barbossa) et Kevin McNally (dans le rôle du fidèle Gibbs). Sans oublier Keith Richards (carrément inutile).
Beaucoup de changements (ce ne sont pas les seuls) pour ce qui s’annonce déjà comme le premier tome d’un nouveau triptyque ! Avouons-le de suite, le spectateur n’y a pas véritablement gagné au change. Voici donc notre Jack Sparrow prit en tenaille entre la couronne espagnole et les corsaires du roi anglais Georges dans une course poursuite afin de débusquer la fontaine de jouvence. Bien sûr, Barbe Noire, aidé de sa fille Angelica (Penélope Cruz), est lui aussi dans la course afin de faire mentir une prédiction qui le voit tué par un pirate à la jambe de bois.
Présence du plus célèbre des pirates en la personne de Barbe Noire (Ian McShane n’est pas à la hauteur), des sirènes qui sont très jolies (mais qui ressemblent à des vampires – ben voyons, c'est à la mode), une quête mythique, de beaux bateaux sur l’eau, le Black Pearl qui a disparu, un Barbossa sous la tutelle d'un roi ! Cela fait beaucoup ! Marshall et Disney ont démultiplié les pistes pour harponner le spectateur. Pourtant, autant les précédents volumes jouissaient d’un certaine grandeur d’âme, autant La Fontaine de Jouvence manque cruellement de reliefs malgré les bonnes intentions. Les personnages sont totalement disloqués ; on ne croit pas une seconde en l’amour de Sparrow pour la ravissante Angelica ; Geoffrey Rush a l’air plus esseulé que jamais. Ne reste que Johnny Deep et son humour au sein d’une entreprise qui prend l’eau de toute part.
L’action se passe essentiellement en haute mer : est-ce pour cela qu’on se sent étriqués ? Savez-vous comment s’appelle notre Astrid Berges-Frisbey nationale (La Fille du Puisatier) dans le film ? Syrena, pour sirène évidemment (dans la salle, le public gloussa) ! Il faut cependant plus d’un "Y" pour convertir. Oui, La Fontaine de Jouvence est décevante. La moyenne tout juste !